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Édith de Lyon (extrait)

« (…) J’attends. Le dance floor se trouve au pied du clocher, à côté de quelques arbres sous lesquels des canapés, fauteuils, coussins, accueillent les exténués et le branleur dépressif, qui écoute à fond la radio, indifférent à Lors qui chante et aux danseurs de rondeau déchaînés dans la poussière.L’homme aux pieds nus sautille pitoyablement.Puis c’est fini. Les musiciens descendent de la scène, la piste se vide.

« C’est fini? Non mais pour de bon? »,les gens se demandent.Je suis fatiguée, j’ai froid.Cogne. Là-bas la radio crachote follement.Cogne.Les étoiles se multiplient peu à peu.. Bizarre, un truc se met à bouger…NINE-ELEVEN? Tout à-coup-fracasse. Non. Cogne.EARTHQUAKE? personne ne semble s’apercevoir de ce qui se trame.Puis-tout-à-coup-chuchote-caresse-frisson,feule et « écoute bien il va y avoir le brame du cerf. »; en noir, tout en noir, là-derrière, c’est lui qui bouge.

« Hé mec, merde, ça commençait bien, pourquoi tu ralentis, tu regresses là!!! »

« Mais vas-y connard!danse au lieu de rester collé aux enceintes! Bouge-toi, merde! Tu vas voir si ça régresse! ».

Cogne, c’est- mon-coeur, mon coeur se met à bouger;TREMBLE,tous, ils y vont tous, un par un, mais tous…

Le tigre-oiseau-elle… elle se jette dans l’arène arabesque hurlante et voltige. Moi aussi, j’ai peur, peur de ça là si sauvage et la fête de quoi? La fête du bois, mais non, regarde là-bas, c’est lui, le gars qui écoute la radio, il vient, il a une bouteille à la main. NINE ELEVEN. Tout le monde l’oublie.Il s’approche et tend le cou coupé de la bouteille, verre tranché-tranchant;coupe,mais qui? Mais si fort, là, sons bruits vibrent voltigent t’arrachent qui es tu nous qui et où nulle part des bouches ouvertes rouges et rient et crient le bonnet blanc du slammeur je le reconnais tant pis on n’y est plus bien loin blablablaettoutettout orage du son grondant, déluge de la bible sonore et dieu se fit verbe parole? Non, son sonore le divin est là il s’éloigne avec sa bouteille il part un bras saccadé, regards mouillés, la sueur et encore crie hurle vrille tympans si doux cette douleur puis profond quelque part qui bouge et bouge et bouge non pas bouge remue cerveau oreilles tes dents aussi s’agitent il pleut une neige de calme glacial tissu de vent autour, tout autour battement batt -tte-ment ba-tte-ment dents blanches yeux bleus je te reconnais, et même n. là-bas bouge ses bras peu à peu peu à peu en-fin peut -être que ça v…a s’

a

rrê

t

er………………

Il est trois heures.Il y a deux heures que nous dansons.

Sueur et frisson; on a froid et chaud.

Des toilettes- néon blafard, carrelages blanc vient un cri.

La radio, elle, marche encore.

Il est en sang, gorge et poignets.

Mort?

Brame le cerf,

celui que l’on ne doit pas tuer

le grand cerf blanc

affaissé là.

Musique. »

texte : Anna