Novel Optic

La première fois que j’ai vu Novel Optic, (à Sébazac en 1999) ça a été une vraie déflagration.
C’était libre, brut, radical, incisif, désespéré et drôle tout à la fois.
Ce genre de moment rare où l’on sait qu’on ne sera plus pareil après.
Ça résonnait de partout.

La dernière fois c’était le 10 juillet 2015, à l’Ostal Bodon à Crespin.
Pendant les balances, René avait dit au micro : « écoutez bien parce-que nos balances sont souvent meilleures que nos concerts ». Le public a rigolé et moi avec. Je n’ai pas enregistré les balances – et je le regrette depuis.

J’avais par contre enregistré le concert, qui a attendu sur mes disques durs et sur quelques autres pendant près de dix ans.
En mars 2025, il a été édité dans une double cassette par le Comitat contre l’ordre des choses / Triangle Noir du Quercy, à l’occasion de l’exposition « René Duran – Les écrits du fonds » au musée Denys Puech de Rodez.
Les 50 exemplaires sont vite partis.
Je ne sais pas s’il sera réédité.

Pour (re)découvrir Novel Optic, il y a cette vidéo, filmée à l’Estivada par Amic Bedel (Piget) :

Dans le n°61 de la revue Pastel, Christophe Rulhes avait écrit en 2008 un article fouillé sur cette aventure musicale unique :
https://www.comdt.org/comdt-data/blog-pastel/documents/pastel_epuises/Pastel_61_2008.pdf

Merci à Igor et Amic.

Delpastre, D’una lenga l’autra

Depuis début 2024, nous travaillons avec Monique Burg autour de l’œuvre poétique de Marcelle Delpastre.
Quel plaisir d’avoir le temps de nous immerger dans cet univers !

Dans le spectacle, Monique lit et dit des poèmes ainsi que quelques extraits autobiographiques de Delpastre.
Je violone, diffuse des paysages sonores et un collectage, joue du synthétiseur modulaire et de la gamellane (orthographe non encore stabilisée).

Voici le teaser, réalisé par Nicolas Gayraud :

Plus d’informations sur le site de Sirventés : https://www.sirventes.com/album-84-d-una-lenga-l-autra-avec-francois-dumeaux.html

Cybernétique artisanale

Je viens de sortir Granar, une pièce minimale et contemplative, extraite d’un patch génératif au synthétiseur modulaire Serge :

Parmi mes diverses pratiques musicales, j’aime mettre en place des patches génératifs, utilisant des conditions, des portes logiques et des relais de déclenchements, jouant avec le hasard aussi, ainsi que des boucles de réinjections (feedback).
Que ce soit dans max/MSP, avec des synthétiseurs analogiques et/ou modulaires, je me suis pris bien des fois à inventer ces formes ouvertes, paysages sonores évolutifs, interprétés par le dispositif, me mettant dans un état de contemplation et de surprise.

Régulièrement, il m’arrive de laisser ces paysages évoluer pendant plusieurs jours chez moi, créant une installation sonore domestique – je la laisse parfois en fond la nuit, alors que je dors.
Je ne les enregistre pas systématiquement – seulement lorsqu’ils me semblent particulièrement réussis, et si j’en ai le temps ; certains patches restent donc des pièces éphémères.

Parmi celles enregistrées, j’en ai déjà édité quelques-unes :

Curar (2013), Laca (2021) et aujourd’hui Granar (2024) sont les plus représentatives et forment une série – à suivre !
On peut aussi classer Puramu et Alma (tous deux composés en 2013) de l’album Nèva, la série Taur – Kêr-Iz – Китеж (2012 – 2022) ainsi qu’Anse St-Martin et Écalgrain de l’album Treize Vents – et autres lieux (2024) dans la même famille, bien qu’ici présentés sous formes d’extraits plus courts.

Pour qui n’aurait aucune idée de ce que je raconte, on peut faire le lien avec les standards téléphoniques des deux siècles précédents : en branchant un câble, on change le circuit électronique, mettant en contact deux parties précédemment isolées l’une de l’autre.


C’est le principe du synthétiseur modulaire, où l’on crée un synthétiseur éphémère, le temps du patch (ou branchement), mais ici poussé vers l’autonomisation et l’autorégulation : durées, hauteurs et timbres plus ou moins aléatoires, évènements inter-conditionnés (par exemple : la fin d’un son généré par une partie du circuit déclenche le changement de vitesse d’une autre partie du circuit), etc.

Alors que je pratiquais tout ça depuis longtemps, l’ami Vincent Goudard m’a informé que c’était déjà algorithmique. Je n’y avais pas pensé !
Plusieurs années plus tard, je suis tombé sur l’excellente série de vidéos « Cyberetics » par La Synthèse Humaine.
Stupéfaction : je faisais de la cybernétique sans le savoir ! Outre le goût délicieusement désuet du terme, j’apprends que ce sont aussi les prémices de la désormais omniprésente Intelligence Artificielle. Voilà qui me donne à réfléchir, tellement son utilisation généralisée est délétère à bien des niveaux. Utilisant depuis longtemps le terme « génératif » pour qualifier ce travail, ça aurait pu me mettre la puce à l’oreille.

Bon, je rassure tout de suite qui lirait ce texte : je n’utilise aucune véritable IA pour mes patches et je ne fais travailler aucun data centre. Tout se passe entre mes idées, mes choix créatifs et l’intérieur de mon système modulaire – qui consomme moins d’électricité que mon frigo. Dans un futur indéterminé, j’aimerais un studio 100 % solaire, mais ça nous amènerait trop loin de développer cette idée ici.

Disons donc que c’est de la cybernétique artisanale.

On peut aussi relier cette attitude compositionnelle aux pistes ouvertes par John Cage, Iannis Xenakis, Terry Riley, Morton Feldman et bien d’autres avant moi : indétermination, stochastique, compositions ouvertes et jeu sur la durée et les perceptions temporelles.
D’un point de vue plus sensible et poétique, je me sens plus proche dans cette exploration des travaux d’Éliane Radigue, de Clara Levy ou de certaines pièces de Biosphere – comme Autour de la Lune. Feldman n’est jamais très loin non plus.

Je n’ai que trop rarement eu l’occasion de proposer ces travaux sous la forme de réelles installations sonores. J’avais pu en faire une il y a une vingtaine d’années à Poitiers dans une ancienne soufflerie, à l’invitation de l’association goto10 et en partenariat avec le collectif Neurosystem. C’était alors une version avec max/MSP, en quadriphonie. J’aimerais beaucoup installer une version avec un système modulaire analogique dès que l’occasion s’en présentera.

D’autres extraits sonores seront édités bientôt.

Ironiquement, durant la rédaction de ce texte, plusieurs robots m’ont demandé de prouver que j’étais bien un humain.

Talhièr

Il y a une douzaine d’années (en 2013), je commençais à assembler mon premier « vrai » synthétiseur modulaire.
J’avais une autre douzaine d’années de modulaire virtuel derrière moi (VAZ modular, Audiomulch, Reaktor, Pure Data, max/MSP, etc.) et j’étais très excité par cette nouvelle étape tout en n’étant pas complètement certain de l’avantage amené par ce choix.
Tout de même, des années d’ordinateur m’avaient procuré (outre des heures d’expérimentations, d’apprentissage et de création) une sciatique chronique carabinée. Je me disais que, peut-être ça aiderait. Et puis j’avais envie de sortir de l’écran.
Ce qui a suivi a largement dépassé mes attentes : c’est comme si je redécouvrais que j’avais un corps. Je me suis mis à beaucoup plus jouer ma musique. J’explorais plein de nouveaux rapports au son électronique et aux façons de le fabriquer.
J’avais une pratique de l’improvisation libre que j’avais aussi abordé avec max et un contrôleur MIDI, mais là, j’avais la main sur tout un tas de paramètres et pouvais changer mon patch en cours d’improvisation. Je sentais presque l’électricité sous mes doigts.

J’avais déjà tenu un journal sonore avec ma série intitulée Matins (où j’enregistrais chaque jour le paysage sonore du lieu où je me réveillais) et j’en avais de bons souvenirs.
Repensant à cette traversée et au conseil de Pierre Schaeffer, « travaille ton instrument ! » je me suis lancé dans ce nouveau journal improvisé, moins long cette fois (un mois, contre un an de matins).
Je postais ces improvisations quotidiennement.
Les voici ici en intégralité :

Plus tard, j’ai branché un tambourin à cordes dans le synthé (merci Pairbon!), puis ai commencé à chanter et enfin à violonner. Je traînais depuis longtemps avec des musiciens traditionnels, jouant de l’électronique avec eux (Familha Artús, Joan-Francés Tisnèr et Peìre Boissière) mais c’est réellement cette pratique du jeu direct avec mon modulaire qui m’a fait passer le pas de jouer moi aussi ces musiques, continuant à les mêler d’électronique.

Recontorns

Je viens de sortir Recontorns (recoins, circonvolutions, sinuosités, détour dans un détour, etc.) sur les label Tyto Alba, Pagans et Le Cabanon.
Un voyage musical entre motifs hypnotiques électroniques, chants de travail – issus de la tradition populaire occitane – et paysages sonores.

Plus de détails ci-dessous (trilingue)

Òc :

Creada per François Dumeaux pel festenal Le Cabanon Diffusions en junh de 2020, « Recontorns » es una traversada experimentala entre musicas de tradicion populara occitana, paisatges sonòrs, motius e processús electronics.

Sorgas de las cançons (ordi cronologic) :
– « De bon matin se lèva » : segon Hélène Lassort, Serinhac del Puègbodon (Òlt e Garona) collectada per Monique Bolzon e Pèire Boissière
– « Dins la ribierèta d’Espanha » : segon Gilbert Salanié, Marminhac (Òlt) autocollècta, comunicada per Xavier Vidal
– « La Paloma » : segon Félicien Beauvié, Parrancuèch (Òlt e Garona) collectada per Pèire Boissière
– « Se io sabiai volar » : ibid

Instrumentarium : cant, sintetizador modular, violon, alto, flaütas armonicas de plastic, esquilons, esquilas, piulets, fonolitas, bòls armonics, paisatges sonòrs (Naut-Agenés, Bigòrra, Peiregòrd Verd).

Compausat, enregistrat, mesclat e matriçat per François Dumeaux, estudiò Tyto Alba, Naut-Agenés, 2020-2021.

Bio :

François Dumeaux es un compositor, musicaire, improvisator, ensenhaire et productor nascut a Rodès en 1978. Practica las musicas experimentalas e tradicionalas, la composicion, l’interpretacion e l’improvisacion.

Dins del estudiò Tyto Alba, enregistra e produtz musicaires e musicairas de la tradicion viva occitana (Aèdes, Pèire Boissière, Bourrasque, Maralha, Les Poufs à Cordes, Phonème, La Preyra, Xavier Vidal, etc.).
Realisa tanben creacions radiofonicas, documentaris sonòrs, sonografia pels musèus e musicas pel teatre, la dança e lo cinemà.

Fr :

Créée par François Dumeaux pour le festival Le Cabanon Diffusions en juin 2020, « Recontorns » est une traversée expérimentale entre musiques de tradition populaire occitane, paysages sonores, motifs et processus électroniques.

Sources des chansons (ordre chronologique) :
– « De bon matin se lèva » : d’après Hélène Lassort, Sérignac-Péboudou (47) collectée par Monique Bolzon et Pèire Boissière
– « Dins la ribierèta d’Espanha » : d’après Gilbert Salanié, Marminiac (46) auto-collecte, communiquée par Xavier Vidal
– « La Paloma » : d’après Félicien Beauvié, Parranquet (47) collectée par Pèire Boissière
– « Se io sabiai volar » : ibid

Instrumentarium : chant, synthétiseur modulaire, violon, alto, flûtes harmoniques PVC, grelots,sonnailles, appeaux, phonolithes, bols chantants, paysages sonores (Haut-Agenais, Bigorre, Périgord Vert).

Composé, enregistré, mixé et masterisé par François Dumeaux au studio Tyto Alba en Haut-Agenais en 2020-2021.

Bio :

François Dumeaux est un compositeur, musicien, improvisateur, enseignant et producteur né à Rodez en 1978. Il pratique les musiques expérimentales et traditionnelles, à travers composition, interprétation et improvisation.

Depuis le studio Tyto Alba, il enregistre et produit des musiciens et musiciennes de la tradition vivante des musiques occitanes (Aèdes, Pèire Boissière, Bourrasque, Maralha, Les Poufs à Cordes, Phonème, La Preyra, Xavier Vidal, etc.).
Il réalise par ailleurs des créations radiophoniques, des documentaires sonores, de la sonographie pour les musées et des bandes-son pour le théâtre, la danse et le cinéma.

En :

« Recontorns » is a piece created by François Dumeaux for the festival Le Cabanon Diffusions in June 2020. It is an experimental journey through traditional occitan music from the South of France, blended with field recordings, electronic patterns and processes.

Origin of songs (chronological order):
– « De bon matin se lèva » : after Hélène Lassort, Sérignac-Péboudou (47) collected by Monique Bolzon and Pèire Boissière
– « Dins la ribierèta d’Espanha » : after Gilbert Salanié, Marminiac (46) auto-collect, communicated by Xavier Vidal
– « La Paloma » : after Félicien Beauvié, Parranquet (47) collected by Pèire Boissière
– « Se io sabiai volar » : ibid

Instrumentarium includes voice, modular synthesizer, violin, viola, PVC harmonic flutes, bells, cowbells, calls, phonoliths, singing bowls, environmental field recordings (Haut-Agenais, Bigorre, Périgord Vert – FR).

Composed, recorded, mixed et mastered by François Dumeaux in 2020-2021 at studio Tyto Alba in the Haut-Agenais (FR).

Bio :

François Dumeaux is a composer, musician, improviser, teacher and producer born in Rodez (Fance) in 1978. His practice is based around experimental and traditional music through composition, interpretation and improvisation.

From the studio Tyto Alba, he records and produces musicians from the living tradition of occitan music (Aèdes, Pèire Boissière, Bourrasque, Maralha, Les Poufs à Cordes, Phonème, La Preyra, Xavier Vidal, etc.).

Alongside he realizes radiophonic creations, sonic documentaries, sonography for museums andsoundtracks for theater, dance and cinema.

laca

Plusieurs motifs se croisent.
Un enfant naît, ravivant l’envie de composer une berceuse.
Et puis il y a la série de patches génératifs – inaugurée par Curar – entre auto-hypnose musicale, errance-cachette et installation sonore caressante.

Voici un extrait de « Laca », prochaine sortie sur Tyto Alba :

Curar (re)

album – François Dumeaux « Curar » – label : Tyto Alba

Ressortie de ma pièce « Curar » sur Tyto Alba ce jour.

Curar est une œuvre à mi-chemin entre musique et son ; entre art sonore et installation.
C’est un processus, un drone lentement évolutif – toujours le même et toujours différent.
Je voulais faire quelque chose qui tendrait vers la médecine sonore, voire la sorcellerie musicale.
Le dispositif technique est ici à l’image de la musique, réduit à sa plus simple expression : deux synthétiseurs analogiques réglés pour improviser selon des règles simples.

En ancien occitan, « curar » signifie soucier, soigner, curer, récurer, nettoyer et guérir.
En occitan moderne, « curar » signifie soigner et curer.
En catalan, « curar » signifie avoir soin de, se soucier de, s’occuper, veiller à, guérir et soigner.
En castillan comme en portugais, « curar » signifie assainir, guérir et soigner.

Matins

Il y a 3000 jours aujourd’hui, j’ai décidé d’enregistrer chaque matin par la fenêtre pendant un an.
Voici ce journal sonore, réédité ce jour :

Del 23 de julhet de 2010 e fins al 28 de julhet de 2011, enregistrèri cada matin – o gaireben – l’ambient de l’endreit ont me desrevelhabi.

Du 23 juillet 2010 au 28 juillet 2011, j’ai enregistré chaque matin – ou presque – le paysage sonore du lieu où je me réveillais.

From 2010/07/23 to 2011/07/28, I recroded the surrounding soundcsape – almost – every morning.

VHS / Núvol de Fum

Ma pièce « VHS », composée d’après mes souvenirs de la série Twin Peaks, a été diffusée dans Núvol de Fum, émission de radio catalane consacrée à l’ambient et aux musiques électroniques minimalistes et expérimentales.

Vous pouvez (ré)écouter l’émission ici :