Il y a une douzaine d’années (en 2013), je commençais à assembler mon premier « vrai » synthétiseur modulaire.
J’avais une autre douzaine d’années de modulaire virtuel derrière moi (VAZ modular, Audiomulch, Reaktor, Pure Data, max/MSP, etc.) et j’étais très excité par cette nouvelle étape tout en n’étant pas complètement certain de l’avantage amené par ce choix.
Tout de même, des années d’ordinateur m’avaient procuré (outre des heures d’expérimentations, d’apprentissage et de création) une sciatique chronique carabinée. Je me disais que, peut-être ça aiderait. Et puis j’avais envie de sortir de l’écran.
Ce qui a suivi a largement dépassé mes attentes : c’est comme si je redécouvrais que j’avais un corps. Je me suis mis à beaucoup plus jouer ma musique. J’explorais plein de nouveaux rapports au son électronique et aux façons de le fabriquer.
J’avais une pratique de l’improvisation libre que j’avais aussi abordé avec max et un contrôleur MIDI, mais là, j’avais la main sur tout un tas de paramètres et pouvais changer mon patch en cours d’improvisation. Je sentais presque l’électricité sous mes doigts.
J’avais déjà tenu un journal sonore avec ma série intitulée Matins (où j’enregistrais chaque jour le paysage sonore du lieu où je me réveillais) et j’en avais de bons souvenirs.
Repensant à cette traversée et au conseil de Pierre Schaeffer, « travaille ton instrument ! » je me suis lancé dans ce nouveau journal improvisé, moins long cette fois (un mois, contre un an de matins).
Je postais ces improvisations quotidiennement.
Les voici ici en intégralité :
Plus tard, j’ai branché un tambourin à cordes dans le synthé (merci Pairbon!), puis ai commencé à chanter et enfin à violonner. Je traînais depuis longtemps avec des musiciens traditionnels, jouant de l’électronique avec eux (Familha Artús, Joan-Francés Tisnèr et Peìre Boissière) mais c’est réellement cette pratique du jeu direct avec mon modulaire qui m’a fait passer le pas de jouer moi aussi ces musiques, continuant à les mêler d’électronique.